Maxime Gillot
La Bande-Dessinée doit être placée au service du récit. C’est à partir de ce principe que je m’applique à explorer les limites de l’intelligible (en tentant de ne pas basculer dans un récit élitiste que seuls quelques adeptes pourraient comprendre), à questionner, déconstruire et reconstruire les codes préexistants de la BD et à imaginer de nouvelles voies afin de pouvoir répondre au besoin spécifique de chaque narration. Il s’agit ici de raconter, de transmettre de l’information mutante, évolutive, d’imiter, ou d’en donner l’impression, le passage d’un temps, d’un instant ailleurs. Raconter, c’est avant tout être attentif au monde qui nous entoure et rester prédisposé à recevoir ce qu’on nous y présente, ce qu’on vit. Je ressens le besoin d’être à l’affût, à l’écoute, d’observer afin de me poser en tant que témoin, en tant que conteur. Je me dis que mes récits peuvent sembler, en aspect, parfois bien éloignés de la réalité de tous les jours alors qu’à mes yeux, ils sont des façons évadées, détournées, de mettre en évidence ces réalités, ces « trop plein » d’émotions bouillonnantes, cette synthèse de quotidiens, d’informations qui fusent de tous côtés.
Aujourd’hui, je sens que ma démarche s’est affublée, à mon insu, d’une contrainte supplémentaire, celle d’« aller à l’essentiel ». En effet, il m’apparaît que naturellement je suis parti à la recherche de l’efficacité maximisée. Le plus de contenu dans l’espace le plus réduit, en dépouillant le récit de l’anecdotique et de l’inutile. Ainsi, celui-ci apparaît plastiquement plus synthétique, parfois plus énigmatique tant les formes se réduisent.
Maxime Gillot