Nina Tomas
Pas d’hystérie ni de cinéma, mais une communion et une sorte d’universalité, version Nina Tomàs.
Chaque composition de Nina s’articule par couches ou par juxtapositions. Comme le fil à tisser d’une histoire à la fois vraie et imaginaire, les éléments (personnages, paysages, objets, lieux) qui s’ajoutent les uns aux autres, participent tantôt de la mémoire, d’un souvenir personnel, d’un voyage, d’une autre culture, tantôt d’un rêve ou de cet état intermédiaire entre veille et sommeil.
Il y a des paliers de figurations – toujours de couleurs vives – et autant de strates de lectures. Mais le tout tient du récit, où il est question d’une utopie, celle du «vivre ensemble au sein d’un même espace». Déjà, Nina conçoit chaque tableau comme un habitat où faire revivre événements et gens. Et, dans l’espace de la galerie, chaque tableau s’accroche à l’autre comme les wagons d’un train mental, comme les fragments à recoller d’une expérience enfin commune «face au monde».
C’est un univers tourbillon, fragile et fort à la fois, aussi attachant que questionnant, méditatif aussi. Et c’est une pratique inédite, pas simple de «distinguer ce qui a été initialement peint de ce qui a été rajouté ensuite, le motif imprimé du geste de l’artiste», sans compter que ce geste implique aussi de broder sur du tissu, et qu’alors, le tableau s’expose à l’envers, comme un hiatus ou une respiration dans la compilation/confusion des instants et des idées.
Extrait du texte Fête des sens, écrit par Marie-Anne Lorgé en 2023