Benoît Félix
- En tout cas on peut dire de vous que vous dessinez d’un trait!
- … Je tire un trait. …Peut-être que je tire un trait sur le dessin lui-même en dessinant ce trait…
- Vous ne dessinez pas! A peine la ligne du dessin est elle lancée, que vous l’extrayez de la page en la découpant au cutter, l’incarnant, dites-vous. Et vous la faite tenir dans l’espace, ensuite, comme un objet.
- Mes dessins et mes images sont le rêve qu’ils caressent d’être l’objet dont ils sont les dessins ou les images. Ils sont le jeu d’incarner tout à coup la chose dont ils sont la représentation, à la place de cette chose… …C’est peut-être aussi le moment où l’image, la trace ou le signe basculent dans l’espace des corps et des objets qui m’intéresse. Je crois que ce que j’ai d’emblée joué à dessiner, c’est la jointure entre ces espaces: entre l’espace de l’image et l’espace l’espace réel (corps, objets); ou bien entre l’espace du langage et cet espace réel; ou bien encore entre l’espace du langage et celui de l’image…
- C’est toujours d’une jointure dont il s’agit! Et cette jointure est une coupure… et cette coupure, on dirait que vous l’avez prise à la lettre: une image, un dessin, et même une vidéo, vous ne pouvez pas vous empêcher de la découper…
- Fontana! C’est peut-être bien cette fente que je joue à essayer de tenir entre mes doigts comme si c’était un objet!
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Dessins-sculptures, images-objets, videos, installations vidéos, voire performances, on dirait bien que c’est autour de cet axe de basculement, en effet, que tourne votre travail…
Félicien Béni, extrait d’un entretien avec Benoît Félix, Janvier 2014
Incarnation (attraper Michel François)
